Des 50e hurlants aux 60e « désespérants » …

Le passage du 60ème parallèle de latitude sud est toujours une expérience marquante, lorsqu’on se rapproche du Continent Blanc… Voici le message et les photos reçues de la part d’Alain:

Mercredi 4 décembre

3ème jour de mer. Nous faisons route plein sud vers Elephant Island. Plus nous allons vers le sud en cette période l’été austral, moins il fait nuit. Astreint au dernier quart de la journée, je remarque ce changement tous les soirs. Nous profitons de cette fenêtre météo favorable pour avancer. Le vent a changé de côté, mais il est toujours assez régulier, entre 20 et 35 noeuds.

A bord, nous nous visionnons le film de l’Endurance, l’histoire extraordinaire d’Ernest Shackleton qui s’est déroulée ici il y a à peine plus de 100 ans. Bertrand, notre réalisateur, a suivi le parcours de Shackelton dans sa traversée héroïque de l’île. Il en a fait un film que je visionnerai avec plaisir à mon retour car il n’a malheureusement pas pensé à le prendre avec lui.

Le NDS Evolution, le catamaran sur lequel nous nous trouvons, est un condensé de technologie. Il est costaud et navigue bien. On se sent bien en sécurité. Alejandro, le capitaine, est très prudent. Aujourd’hui, il a allumé la caméra du mât afin de distinguer les éventuels growlers, ces bouts d’iceberg à la dérive que nous redoutons…

C’est en milieu d’après-midi que nous franchissons le 60e degré de latitude sud. Des 50e hurlants, nous sommes passé dans les 60e… « désespérants » nous crie Eric avec un grand sourire! On ne va pas trop plaisanter avec ça, histoire de ne pas réveiller un océan qui pour l’instant fait sa sieste. Alejandro débouche une bouteille de Champagne, ou plutôt de Prosecco. Pour marquer ce passage symbolique, Eugenio, notre amiral des glaces, a endossé sa veste Antarctique. C’est une veste polaire sur laquelle sont cousus les badges de toutes ses missions passées. Je n’ai pas compté, mais il en a fait plus de 40. Évidemment, nous lui agrafons le badge « Antarctic Explorers  » qu’il porte désormais avec fierté.

Soudain, il n’y a plus d’oiseaux. Pour eux, qui nous ont accompagné jusqu’ici, c’est comme s’il y avait une barrière qu’ils ne doivent pas franchir…

Alain

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