Frustration au large d’Elephant Island

Jeudi 5 décembre

Nous arrivons à Elephant Island dans la nuit, enfin dans le jour de la nuit, car à 3h00 du matin il fait jour sous ces latitudes! Je suis dans mon lit, je dors profondément. A l’arrivée dans la baie, Bertrand et Eric essaient de me réveiller, sans succès… J’ai eu de la peine à m’endormir suite à mon dernier quart et je devais être dans un sommeil profond. Finalement, ce n’est pas trop grave pour moi car il nous est impossible de débarquer. Il y a de la frustration. Chacun de nous aurait aimé poser les pieds sur cette terre mythique et se remettre dans la peau de Shackelton et de ses rescapés. Les rochers noirs et le ciel gris transmettent bien l’ambiance. Le peu de neige tombée cette nuit et le froid ambiant ajoutent une touche dramatique à la scène.

Nous reprenons la navigation en direction l’île du Roi Georges avec un vent du Sud de 35 à 40 nœuds. La mer se creuse et la vie à bord devient un peu plus chahutée. Les premiers iceberg nous obligent à nous détourner de notre cap avant d’y revenir. Nous affalons et hissons les voiles en fonction de l’angle du vent. Nous avons doublé les quarts afin de localiser à temps les glaçons détachés des icebergs ou ceux provenant de la péninsule. J’aperçois nettement ma première baleine à bâbord, à quelques mètres du bateau. Jusqu’ici c’est leur souffle que nous voyions uniquement. Elles ne sont pas très interactives, toutes occupées à se nourrir, à rechercher le krill.

Le jour se rallonge encore mais la lumière au loin vire au rouge. Devant cet horizon prometteur, un iceberg en forme de chaussure vogue tranquillement. Dommage qu’il est un peu loin et que la mer est agité, la photo aurait été plus nette.

Alain

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